Moins connu que celui cultivé dans nos jardins (Hypericum calycinum), en général pour servir de plantes couvre-sol et la plupart du temps dans un talus, son cousin sauvage, quant à lui, possède d’indéniables qualités médicinales et…magiques !
On raconte dans les campagnes qu’à la veille ou à l’aube du solstice d’été, le 21 juin, les femmes s’en allaient cueillir les herbes de Saint Jean le long des chemins et à travers champs.
N’était-ce pas le moment où elles commençaient à se gorger du soleil de cette fin de printemps, parfumées, aromatiques, donc au maximum de leurs capacités magiques ? A côté du séneçon de Jacob, de l’achillée millefeuille, et du fenouil, le millepertuis était particulièrement recherché. Pensez, un seul rameau accroché à la porte de la grange suffit à repousser la foudre, le tonnerre, les tempêtes, les démon et même Lucifer en personne : ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme « chasse diable » au Moyen Age !
D’autres, préfèrent brûler ces herbes lors des grands feux de la Saint Jean, car cela pourrait bien éloigner les mauvais esprits dans l’année qui vient. Il est vrai qu’on ne prend jamais assez de précautions aves ces choses-là.
Toujours est-il que l’herbe au mille trous (pertuis veux dire trous en vieux français) possède une certaine notoriété à cette époque, nonobstant que Hildegarde de Bigen (1098 – 1179) ne le mentionne pas dans son précieux traité La Physica (ou De la nature), qui décrit près de 400 végétaux et animaux.
En dehors de ces propriétés magiques, qu’en est-il de ces qualités médicinales ?
La plante au port dressé porte des feuilles qui, observées face au soleil, semblent percées d’une multitudes de petits trous. Ce sont en fait de minuscules vésicules translucides contenant des huiles essentielles terpéniques. Les fleurs jaunes d’or en juin juillet, une fois froissées quant à elles, un suc rougeâtre, considéré comme un puissant vulnéraire (préparation destinée à guérir les blessures, les plaies…).
Recommandée par les médecins Matthiole1, Paraclèse2, ou Fallope3 au 16-ème siècle, l’huile de macération de fleurs aurait été utilisé au 13-ème siècle par les Chevaliers Hospitaliers de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem pour soigner blessures et brûlures sur les champs de bataille. Un antidépresseur naturel
Malgré ses bons états de service, notamment dans les affections du foie, des poumons ou de l’utérus, le millepertuis tombe en disgrâce au cours du 19-ème siècle, en même temps que bon nombre de savoirs populaires. Il ne revient qu’avec le succès de la phytothérapie dans les années 1980-1990. On lui reconnaît une action sur les « symptômes dépressifs légers à modérés », confirmée par une trentaine d’études cliniques. Quand on vous dit qu’il fait fuir les démons…il sait aussi chasser ceux de l’âme !
1- Matthiole : Piétro Andréa Matthioli (ou Mattioli, Matthiolius) est un médecin et botaniste italien né le 23 mars 1501 à Sienne et mort vers 1578 à Trente de la peste.
2-Paracelse : ou Paracelsus dont le nome d’origine est Philippus Théophrastus Aureolus Bombast von Hohenheim est un médecin, philosophe mais aussi théologien laïc, né en 1493 à Einsiedeln en Suisse centrale et mort le 24 septembre 1541 à Salzbourg.
3- Fallope : Gabriele Falloppio ou Gabriele Fallopia est un naturaliste, un botaniste, un anatomiste et chirurgien italien né vers 1523 à Modène et mort le 9 octobre 1562 à Padoue. Il est considéré comme l’un des plus importants anatomistes et médecins de son époque.

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